Balade et cueillette de champignons dans la forêt de Bois-l'Évêque

Loin d'être une simple promenade de santé, la cueillette de champignons est une discipline qui allie connaissance de la nature et prudence absolue. Entre idées reçues, dangers et pépites culinaires, Antoine et Jean-Baptiste vous dévoilent tout ce qu'il faut savoir avant de remplir votre panier dans les forêts des Hauts-de-France. 

Originaire du Cambrésis, Jean-Baptiste Cokelaer s'est lancé dans l'organisation de cueillettes guidées dès 2009. Son objectif initial était clair : redonner ses lettres de noblesse au pharmacien capable d'identifier les champignons, une compétence qui se perdait.

La pharmacie reste l'une des rares formations où les professionnels acquièrent des connaissances approfondies sur les champignons comestibles et toxiques. Cette expertise s'avère cruciale pour la santé publique, car les intoxications alimentaires liées aux champignons restent nombreuses chaque année. En quinze ans d'activité, Jean-Baptiste a accompagné près de 4 000 personnes en forêt, transmettant les bons gestes et les règles de sécurité indispensables. 

La forêt de Bois-l’Évêque est composée d’un mélange d’essences : chênes, érables et bouleaux. Chaque arbre abrite des espèces de champignons différentes. "On est dans une forêt mosaïque, avec des arbres âgés de 40 à 50 ans, après la tornade de 1967 qui a marqué le paysage. Les champignons sont liés aux arbres : certains ne poussent que sous les résineux, d’autres sous les feuillus,etc.", précise Jean-Baptiste.

La cueillette des champignons est une activité qui demande patience, observation et connaissance. Jean-Baptiste insiste sur l’importance de ne pas se fier aux applications mobiles pour identifier les espèces :"Rien ne remplace l’expertise et l’expérience. Il faut être humble et prudent, car une erreur peut être fatale."

Parmi les espèces les plus dangereuses, Jean-Baptiste cite l'amanite phalloïde, surnommée "la Grande faucheuse" : "20 grammes suffisent à être mortels. Elle est responsable de graves intoxications chaque année." 

D’autres champignons, comme le paxille enroulé, peuvent causer des problèmes hépatiques ou rénaux. "Certains animaux, comme les lièvres, peuvent consommer des champignons toxiques sans en mourir, car leur métabolisme est différent du nôtre", souligne-t-il. "Moins d’1% des champignons sont comestibles. Il faut donc être très sélectif et ne pas surconsommer, même les espèces sûres : 200 grammes par semaine suffisent pour éviter les troubles digestifs.", rappelle Jean-Baptiste.

Contrairement aux idées reçues, la cueillette ne se limite pas à l’automne. "On peut trouver des champignons toute l’année. En hiver, par exemple, l’oreille de Judas pousse sur les vieux sureaux. Mais le pic reste septembre, octobre et novembre, selon la météo", affirme Jean-Baptiste.

Parmi les espèces emblématiques et comestibles de la région, on trouve notamment le cèpe de Bordeaux, rare et très prisé pour sa saveur. On retrouve aussi la trompette de la mort, reconnaissable à sa forme allongée et son goût subtil, la chanterelle, jaune et parfumée, idéale pour les plats gastronomiques, ou encore la girolle, souvent utilisée en cuisine pour son goût fruité.