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Délinquance routière : le combat d'un père !
En remplaçant délit par homicide, le législateur répond partiellement aux attentes des victimes. Mais cette sémantique ne se traduit pas encore par un durcissement systématique des peines.
Ce type de mesure, appuyée par des députés comme Jean-Pierre Bataille, vise à renforcer le caractère dissuasif de la sanction.
La peine réelle, pour la famille, reste celle de la perpétuité émotionnelle.
Son combat, loin d’être une vengeance, est une tentative de donner un sens à l’insensé.
Délinquance routière : le combat d'un père !
WEO 16/06/2025 à 15h26
Depuis le 2 juin, l’Assemblée nationale a entériné une modification symbolique mais puissante dans le code de la route : le terme « homicide routier » remplace désormais celui de « délit routier ». Un mot qui, pour les familles de victimes, marque un début de reconnaissance. Invité de Pierre-Jérôme dans Dites-moi tout, Ignace Cardinael, délégué départemental à la sécurité routière et père d’un jeune cycliste tué en 2012, partage une vision lucide et bouleversante de ce que ce changement implique.
Une avancée symbolique
Si le mot change, la loi, elle, demeure. Ignace Cardinal le souligne :
« On a changé le terme, pas le fond. C’est un mot plus chargé, plus culpabilisant », reconnaît-il.
En remplaçant délit par homicide, le législateur répond partiellement aux attentes des victimes. Mais cette sémantique ne se traduit pas encore par un durcissement systématique des peines.
Des peines planchers attendues par les victimes
Les associations réclament des peines planchers avec enfermement incompressible, même de courte durée.
« Le minimum syndical serait une peine de six mois à un an de prison ferme », précise-t-il.
Ce type de mesure, appuyée par des députés comme Jean-Pierre Bataille, vise à renforcer le caractère dissuasif de la sanction.
Une impunité jugée insupportable
Dans le cas personnel de M. Cardinal, la conductrice responsable de la mort de son fils a été condamnée à une peine d’un an, dont six mois avec sursis et six mois sous bracelet électronique.
« Elle a tué un père de famille pour 220 euros d’amende, avec 20 % de réduction si elle paye comptant », s’indigne-t-il.
La peine réelle, pour la famille, reste celle de la perpétuité émotionnelle.
Un combat contre le fatalisme
En 2024, plus de 3400 décès ont été enregistrés sur les routes de France et d’Outre-mer. Un chiffre tragique mais devenu presque banal. Pour Ignace Cardinal, cette tolérance s’apparente à une complicité passive.
« On ne peut pas permettre à ces meurtriers de la route de reprendre le volant dès le lendemain du jugement », alerte-t-il.
Une action de terrain auprès des jeunes
Au-delà du plaidoyer législatif, 95 % de son temps est consacré à la prévention. Depuis plus de dix ans, il intervient devant plus de 50 000 personnes : lycéens, élèves infirmiers, détenus, entreprises. Il y raconte, sans détour, l’histoire de son fils, montre des photos de l’accident et évoque le don d’organes.
- Photos d’accident marquantes
- Discours authentique, sans morale accusatrice
- Dialogue sincère avec les jeunes
Ces interventions suscitent des réactions fortes : lettres, mails, confessions spontanées. De nombreux jeunes promettent de ne plus jamais conduire sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants.
Une empathie qui fait bouger les lignes
Son approche, centrée sur l’émotion et le vécu, touche là où les campagnes institutionnelles échouent parfois. En humanisant la tragédie, il touche les consciences. Il estime qu’un impact sur 1 % de son public serait déjà une victoire.
« Les jeunes me disent : vous touchez 5 %, soit 2500 personnes. Ça vaut tous les combats. »
Malgré la fatigue et le découragement parfois, Ignace Cardinal continue à interpeller les politiques. Il a rencontré Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin, et même le président de la République. Mais il regrette que ces échanges restent sans suite concrète.
On lui conseille parfois de « faire le deuil ». Sa réponse est sans appel :
« Dites-moi comment on fait le deuil d’un enfant qu’on voyait jouer la veille, qu’on retrouve le lendemain au salon funéraire. »
Son combat, loin d’être une vengeance, est une tentative de donner un sens à l’insensé.
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