Loos : un homme jugé pour le coup de couteau mortel lors d'une rixe pour une place de parking

Huit ans après les faits, l'émotion reste vive. Les proches de Romain Truffin, sa mère Véronique Truffin et sa compagne Lydia Bourrega, étaient présentes au tribunal, tout comme l'accusé. La douleur de la perte est toujours palpable. Deux jeunes enfants, aujourd'hui âgés de 12 et 11 ans, ont perdu leur père dans cette tragique affaire.

Sur le banc des accusés, B. D., ancien plombier-chauffagiste de 53 ans à l'époque, a exprimé sa souffrance face aux juges. Il a évoqué sa dépression, ses insomnies et le bouleversement de sa vie. Cependant, cette expression de souffrance a contrasté douloureusement avec la peine des proches de la victime, présents à quelques mètres.

Le 30 janvier 2017, aux alentours de 17h30, Romain Truffin rentrait de l'école Anatole-France avec sa fille de 4 ans. Sa mère, sa compagne et son plus jeune enfant l'attendaient à leur domicile, situé au 38 rue Paul-Lafargue à Loos. Le quartier connaissait des tensions récurrentes liées au manque de places de stationnement. Les habitants rivalisaient pour se garer à proximité de leur domicile, ce qui entraînait parfois des altercations.

Ce soir-là, Romain Truffin s'est arrêté au numéro 21 pour avoir une explication avec B. D., avec qui il avait déjà eu des différends. La confrontation a dégénéré en altercation physique. Devant la cour, B. D. a affirmé que Romain Truffin l'avait frappé en premier et l'avait ceinturé. Se sentant en danger de mort, il a déclaré avoir saisi un couteau de cuisine, qu'il gardait, selon ses dires, derrière un porte-manteaux depuis une agression antérieure avec un autre voisin deux ans auparavant.

Le seul témoin direct de la scène tragique est la fille de Romain Truffin, alors âgée de seulement 4 ans. Elle a raconté plus tard à sa mère que "le vieux monsieur a mis un couteau dans la bouche de papa". En réalité, le coup a atteint le cou de Romain Truffin. La lame a pénétré de dix centimètres, sectionnant l'artère sous-clavière droite. Le médecin légiste a précisé aux magistrats que cette artère était "une grosse artère profonde et inaccessible à la compression". La blessure a été fatale. Romain Truffin a eu la force de traverser la rue avec sa fille et de sonner à sa porte avant de s'effondrer, mortellement blessé.

B. D. a passé cinq mois en détention provisoire en 2017 avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire. Son entourage le décrit de manières contrastées. Certains le voient comme un homme courageux, protecteur et sympathique, tandis que d'autres le jugent moins agréable et têtu, mais en aucun cas violent "gratuitement". B. D. reconnaît lui-même qu'il ne se laisse pas faire en cas de provocation. Il affirme répondre aux insultes par des insultes et aux coups par des coups. Il a insisté sur le fait que le 30 janvier 2017, il n'avait fait que se défendre et se considère comme une "victime de Romain Truffin" au même titre que ses proches. Ces propos ont été particulièrement difficiles à entendre pour la famille de la victime, qui décrit Romain Truffin comme un homme doux et attentionné, consommateur régulier de cannabis mais non colérique ni violent.

Ce mardi, la cour présidée par Cécile Guillot aura la délicate tâche de faire la lumière sur les circonstances exactes du drame. Le verdict de ce procès poignant est attendu dans la foulée. L'enjeu est de déterminer la part de légitime défense et la responsabilité de B. D. dans la mort tragique de Romain Truffin, un jeune père de famille arraché à la vie pour une dispute autour d'une simple place de parking à Loos.