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Migrants : Des passeurs en procès à Paris

WEO
Le tribunal correctionnel de Paris examine depuis le mardi 4 novembre les dossiers de neuf personnes accusées d'avoir organisé un trafic de migrants sur la Manche. Cette affaire tragique remonte à août 2023. Sept personnes avaient alors perdu la vie lors d'une tentative de traversée.
 

Un procès symbolique

Neuf individus comparaissent devant la justice pour leur rôle présumé dans l’organisation de traversées clandestines de la Manche. Ces passeurs sont accusés d’avoir facilité des voyages mortels, dont celui d’août 2023, où sept personnes avaient trouvé la mort. Malgré la surveillance accrue des ports et du tunnel sous la Manche, les réseaux de passeurs persistent, exploitant la désespoir des migrants.

Les embarcations utilisées, souvent des canoës pneumatiques ou des bateaux surchargés, sont inadaptées à la traversée du détroit. Pourtant, malgré les risques, les tentatives se multiplient. En 2024, la préfecture maritime a recensé 830 opérations de sauvetage, portant assistance à 45 000 personnes. Un record macabre, avec un bilan humain toujours plus lourd.

Des traversées toujours plus dangereuses

La Manche et la mer du Nord sont devenues des cimetières marins. Les migrants, entassés sur des bateaux de fortune, affrontent des conditions extrêmes : froid, courants violents, et absence de secours immédiats. En avril 2025, un nouveau drame a rappelé l’urgence de la situation. Depuis le début de l’année, 76 personnes ont déjà péri en tentant de rejoindre les côtes britanniques. 
 
Les autorités n’interviennent qu’en cas de demande d’assistance. Une fois secourus, les migrants sont ramenés à terre, mais beaucoup tentent à nouveau leur chance, déterminés à atteindre le Royaume-Uni. 

« On essaie à nouveau, on va à l’ombre. C’est la quatrième fois que j’essaye en trois ans. Mon enfant est britannique, il a 17 ans. C’est au péril de ma vie, mais c’est très dangereux », témoigne Kaya, un migrant turc.

Des conditions de survie indignes

À Calais et dans les environs, les migrants survivent dans des camps de fortune, dans des conditions sanitaires et sécuritaires déplorables. Les associations humanitaires tentent d’apporter une aide minimale, mais les ressources manquent cruellement. 

« Ce n’est pas le fait de rajouter une distribution alimentaire ou de lever un dispositif de sécurisation qui va changer quoi que ce soit à ce phénomène migratoire », souligne un bénévole. 
 
La France et le Royaume-Uni multiplient les mesures de fermeture des frontières, mais ces politiques ne font qu’aggraver la situation. 

« On ne veut pas d’elles ici à Calais, on ne veut pas d’elles en France. Et en même temps, on ne veut pas qu’elles partent. On les empêche de partir, on militarise la frontière de plus en plus », explique un observateur. 

Résultat : les migrants prennent des risques toujours plus grands pour échapper à l’enfer des camps.

Un paradoxe politique et humanitaire

Les chiffres montrent une disproportion entre le discours politique et la réalité. En 2022, 46 000 migrants ont traversé la Manche illégalement. En 2024, ils étaient 37 000, soit 0,05 % de la population britannique. Un chiffre dérisoire comparé à l’immigration légale, qui représente 4 % des arrivées annuelles au Royaume-Uni.

Pourtant, les moyens déployés pour sécuriser la frontière sont colossaux. Un accord franco-britannique, signé cet été, n’a pas changé la donne : 19 982 migrants ont réussi à traverser durant les six premiers mois de 2025, soit une hausse de 48 % par rapport à 2024. 



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